Dissonance

Derniers feux ?

Festival d’Automne à Paris, 39e édition

David Verdier

 

L’originalité du Festival d’Automne à Paris réside dans cette ambition, parfois problématique mais toujours assumée, de réunir en divers lieux de la capitale française des manifestations aussi hétéroclites qu’une installation du plasticien Walid Raad, une chorégraphie de Mathilde Monnier, un Baithak indien ou une projection d’un film de Werner Schroeter. Ces amalgames entre théâtre, musique, danse… constituent l’identité profonde de ce festival. L’édition 2010 n’a pas échappé à la règle, malgré le sentiment palpable qui nous vivions là les derniers feux d’une structure en  profonde mutation. La prochaine édition sera marquée par un changement dans la direction du festival — changement que nous espérons propice à cette volonté affichée de créativité et d’innovation.

 

Musicalement parlant, le compositeur italien Pierluigi Billone était à l’affiche de plusieurs concerts, ce qui a donné l’occasion au public parisien de mieux connaître cette figure de la création musicale contemporaine. Formé auprès de Sciarrino et Lachenmann, il n’a eu de cesse d’expérimenter en autodidacte les possibilités instrumentales. Le musicien avoue que son but « est d’élargir le plus possible les limites rythmiques et motrices du corps, de les confondre presque ». Les instrumentistes sont souvent invités à aborder l’aspect percussif de leur instrument, voire à porter à même le corps des instruments de percussions (plaques métalliques sur le thorax etc.). À l’écoute, les premières impressions sont assez mitigées ; on se heurte à des pièces relativement longues et d’une désincarnation assez déroutante. La convention des alternances bois-métal dans Mani.Long (2002) confine à la monotonie d’ensemble. Dans Kosmoi.Fragmente (2008), pièce d’un quart d’heure pour voix et sept instruments, l’alternance des modes de jeu consiste en une série de « gestes » sur deux plaques incurvées qui, très vite, prennent le pas sur l’attention portée à la voix. Pas de sensualité mélodique, mais des gestes de contrition : la soprano Alda Caiello heurte sa poitrine, feule un flux vocal tout en syllabes arrachées.

 

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Veuillez lire la suite dans le numéro 113 de DISSONANCE (mars 2011).

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